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Dominique Prévot

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28 XII 2015

Le Vol de la Bulle - © Dominique PRÉVOT
Chapitre 6

- Debout Watson, nous allons avoir de la visite !

La matinée était bien avancée lorsque Holmes me tira du sommeil dans lequel j'avais fini par sombrer.

- Mon ami, poursuivit-il, je ne saurais me passer de vous pour finir cette affaire. Votre capacité à pointer l'essentiel est étonnante.

- Merci Holmes, mais de quoi parlez-vous ?

- Ah ! On frappe à la porte en bas. Madame Hudson va nous annoncer la visite dont je vous parlais hier. Il n'a pas tardé, dit Holmes en consultant sa montre.

C'est ainsi qu'Edward Harrison entra. J'eus tout juste le temps de mettre de l'ordre dans ma tenue, et de constater que le cardinal, attablé devant un thé, observait, amusé, la scène du coin de l'œil. Holmes fit asseoir le jeune homme, qui ne semblait pas avoir dormi de la nuit. Le jeune homme regarda Holmes, mais ne prononça pas un mot.

- Qui est-elle, Monsieur Harrison ? demanda Holmes doucement.

Le jeune homme tressaillit.

- C'est bien pour me parler de cela que vous êtes venu me voir ? continua Holmes.

- Oui, souffla le jeune homme. Je ne veux pas causer de tord à… cette personne, Monsieur Holmes. Parler d'elle à Sir Pilton eut été trahir sa confiance.

- La confiance de la jeune fille blonde, n'est-ce pas ?

- Vous savez déjà tout, constata Harrison.

- Pas tout à fait, mais ce long cheveu sur votre épaule gauche est un indice qui ne trompe pas, jeune homme.

Harrison se saisit du cheveu et l'examina.

- Il faudra bien un jour en parler à Sir Pilton si vous souhaitez vous marier avec elle, dit Holmes.

- Oui, vous avez sans doute raison. C'est elle, surtout, qui souhaitait que nous soyons discrets lors de nos rencontres. Elle a peur que je perde ma place. Vous comprenez, c'est une chance unique, pour une personne aussi jeune que moi, que d'être au côté d'un homme comme Sir Pilton.

- Je comprends Edward, dit Holmes, utilisant le prénom du jeune homme pour la première fois.

- Sir Pilton peut comprendre votre tendre penchant, dis-je. Sa richesse ne l'empêche pas d'apprécier un loyal serviteur, et votre amour n'enlève rien à vos qualités.

- Vous avez certainement raison, acquiesça le jeune homme.

- Allez voir Sir Pilton, reprit Holmes. Racontez-lui, et il vous réservera le meilleur accueil. De mon côté, je lui rédige une lettre vous mettant hors de cause pour toute cette histoire.

- Merci, Monsieur Holmes, dit le jeune homme en se levant.

- Encore une chose, demanda Holmes. Avez-vous un frère ?

- J'ai eu un frère jumeau, Charles. Il était lieutenant dans l'armée des Indes. Il est mort il y a quelques années, en 1895.

- Savez-vous comment ? demanda Holmes.

- Dans une embuscade, je crois. Ceci a été assez confus. Nous avions appris son décès par l'un de ses hommes, qui nous a rendu visite après son retour à Londres. Nous avons donc contacté les autorités pour savoir ce qu'il en était. Tout d'abord, l'administration a nié qu'il soit décédé. Puis, quelques jours plus tard, nous apprenions qu'il était mort en service.

- Merci Edward. Et bonne fin d'année, dit Holmes, visiblement enchanté.

Après nous avoir salué, le jeune homme dévala les escaliers.

- Mais de qui ce jeune homme est-il donc amoureux pour qu'il ne veuille pas le dire à son patron ? m'exclamai-je.

- Qui sait ? Je pencherai pour la fille de la cuisinière. Je me suis laissé dire par le livreur, à qui j'ai prêté main forte devant chez Sir Pilton ce matin, et alors que vous dormiez encore, que c'était elle qui préparait ces délicieux petits gâteaux auxquels vous avez fait honneur hier.

- Mais il n'y a rien de scandaleux à aimer une pâtissière !

- Certes, Watson. Mais ce garçon a été élevé par un père qui a dû obtenir son poste à force de travail et qui n'a eu de cesse de respecter les usages. Il a certainement enseigné ces principes à son fils, qui a bien du mal avec l'un de ceux-ci !

- Et qu'est-ce que cette histoire au sujet d'un frère ? demandai-je.

- Qu'avez-vous dit hier, mon ami ? Il correspond comme deux gouttes d'eau au signalement qu'a donné le bibliothécaire. Oui, c'est cela. Vous avez toujours la manière de poser les évidences lorsqu'on ne les voit plus, Watson ! Comme deux gouttes d'eau, ou comme deux frères, ou plus encore, comme deux jumeaux ! A une cicatrice près.

- Mais son frère est mort en Inde, soulignai-je.

- Peut-être, mais qui peut en être certain ? En tout cas, les cendres retrouvées dans le cab proviennent d'un mélange de tabac fabriqué en Inde. L'indice est maigre, mais c'est n'est pas qu'une coïncidence de plus.

- Vous voulez dire que son jumeau, Charles Harrison, serait bien vivant, qu'il aurait monté toute cette affaire, surveillant son frère pour faire coïncider son vol avec sa présence à Rome, puis utilisé son nom pour louer un cab avec lequel il projetait de tuer l'envoyé du Pape ?

- Pourquoi pas ? Il est trop tôt pour le dire, mais ce n'est pas impossible.

- Où retrouver ce coquin, Holmes ?

- Et la Bulle ? renchérit le cardinal.

- Mes amis, c'est à moi de jouer maintenant, conclut Sherlock Holmes en se levant.

Et il s'en alla dans sa chambre, pour en ressortir quelques instants plus tard, habillé en pauvre créature, et s'engager dans le froid sans se donner la peine de clore notre porte, ni celle de dehors. J'entendis Madame Hudson maugréer, puis refermer la porte, ce que je fis également à notre étage. Jetant un coup d'œil par la fenêtre, je constatai qu'il commençait à neiger. Finalement, Madame Hudson avait raison : la neige était arrivée avant la fin de l'année !

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Dominique Prévot
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