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28 XII 2015

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Enfance à Rueil en Brie

Boulli la cane

Les bêtises : la truie

Injustices

La lâcheté

Une autre bêtise : les bougies

La libération

Le martinet

Petit Edouard

Marie-Victoire

Le mariage de la fille du Maire

Un mémorable 14 juillet

Un mémorable 14 juillet

Un petit gamin malicieux s'agite sur le plancher d'une scène de théâtre improvisée. Vêtu de sa culotte de velours, il tire effrontément sur ses bretelles agressivement fleuries. Il est vif, hirsute, et tout en triturant son nœud papillon, songe à la nouvelle bêtise qu'il va bien pouvoir entreprendre. Il a des parents sérieux, sévères et soucieux de bonne éducation, comme on peut l'être en cette première moitié du siècle. Leurs aînés sont déjà courageux et travailleurs et les tout petits, calmes et tranquilles. Mais celui-ci, d'où peut-il bien sortir ? Il accumule les pires idioties, et ses inventions sont carrément diaboliques disent ses vieux grands-parents. Rien à en tirer ! Quant à prévoir, c'est parfaitement inutile. Cela vous tombe dessus au moment où l'on s'y attend le moins.

Un tas de fumier trône dans ce décor de ferme. Toute la famille vaque à ses activités. Lui, habillé comme un "gosse de riche" par une vieille dame aisée qui l'adore, va à l'école épisodiquement. Il fait "La Bleue" car il préfère escalader les arbres de la forêt voisine plutôt que de rester immobile sur son banc d'école. Bref ! Un monstre de gosse !

Deuxième acte : Même décor. Sur le devant de la scène, le père, armé du fouet réservé d'ordinaire au cheval, frappe sur le galopin hurlant de douleur. Trop, c'est trop, répète l'homme déchaîné. Tôt ce matin, le feu a pris dans la grange et il a fallu tous les bras valides, famille, ouvriers agricoles pour circonscrire le foyer. Le père continue de frapper et le gosse de hurler ! Il avoue tout et les coups cessent.

Soudain, tous les acteurs s'agitent, crient, gesticulent. Où est passée la petite sœur de dix-huit mois et qui se déplace d'une démarche encore mal assurée ? Le père martèle le sol de ses bottes de caoutchouc. La mère retrousse ses jupes pour courir plus vite. "Adélaïde ! Adélaïde !" Mais aucun écho à ces appels angoissés. Et l'on entend la voix de l'horrible gamin caché par le tas de paille qui crie "Je l'ai, je l'ai, au secours, on se noie. Alors, de la fosse à purin, on aperçoit une petite fille tenue à bouts de bras par un gosse qui s'épuise. Le père tend la fourche, l'enfant s'y agrippe sans lâcher son précieux petit paquet. Sauvés ! Ils sont sauvés !

Vite on les ramène sous la pompe à eau pour les débarrasser de la gangue puante qui les enveloppe. On fait un triomphe au gamin. Fin.

Applaudissements vibrants des membres du Conseil Municipal, et surtout des parents d'élèves qui n'en reviennent pas. Une classe de campagne a mémorisé sans faiblir un texte long et compliqué. Les élèves du "Certif", les quatorze ans, ont campé des adultes fort réalistes. Les supposés frères et sœurs du galopin avec quelques phrases courtes, s'en sont bien tirés. Ovation au gamin, vif et malicieux, qui vient saluer seul au milieu de la scène. Un gamin que personne ne connaît ni ne reconnaît. Et comme disaient ses parents dans la pièce : "D'où sort-il celui-là ?"

Maman sourit à sa petite fille si bien grimée. Je suis transportée de joie ! Il faut dire qu'au moment de choisir un garçon pour ce rôle, le mari de l'Institutrice parcourant des yeux les quarante élèves n'a pas pu se décider. Puis son regard s'est posé sur moi. Il s'est dit que cette petite maigrichonne, aux cheveux fins et raides comme des baguettes de tambour, ferait un garnement très crédible. Une petite fille des villes à l'esprit vif et capable d'ingurgiter et de rendre vraisemblable ce texte campagnard. Un triomphe, j'ai obtenu un triomphe !

Rapidement, du goûter qui nous est servi, il ne reste rien. Car, comme chacun le sait, les émotions ça creuse !

A Montpellier, le 19 décembre 2001

Claudette Prévot
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