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28 XII 2015

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Enfance à Rueil en Brie

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Marie-Victoire

Le mariage de la fille du Maire

Un mémorable 14 juillet

Injustices

Les grandes personnes ont toujours raison... Enfin, c'est ce qu'elles disent... Elles ne nous croient jamais. Pendant la guerre de 1939-45, mes grands-parents Arthur et Caroline habitaient la campagne. Elisabeth et ses trois enfants, sa sœur, Denise et ses deux petits s'étaient réfugiés chez eux. Grand-père était le seul homme de la maison. Tout le monde obéissait à grand-père.

Un matin, nous étions tous les cinq perchés sur la barrière peinte en blanc. Le poulailler était une immense volière et c'était très amusant de regarder les poules se disputer pour les vers de terre que nous leur avions apportés.

Le poulailler se trouve à l'extérieur de l'enclos qui nous est réservé. Soudain, les poules s'agitent, les canards crient, c'est un affolement général dans la basse-cour. Nous, toujours perchés, nous ne comprenons pas ce qui se passe. Alors, un drôle de bruit, totalement inconnu de nous, un gros ronflement, un grognement étrange traverse la grande prairie. Ce bruit traverse l'allée des vieux pommiers et nous voyons arriver une bête aussi bizarre que son cri. Elle n'est pas méchante, elle vient même se frotter longuement contre notre perchoir.

" Interdit de sortir de l'enclos " ont dit et répété les grandes personnes... Mais, franchement, une bête pareille, ça se regarde de près, non ? Je me laisse glisser tout doucement de l'autre côté de la barrière et je caresse la Bête qui ne s'occupe pas du tout de moi. C'est vexant. Ce qui intéresse l'animal, c'est l'agitation du poulailler. Ca gratte, ça pique, ça sent très mauvais, bref, c'est un énorme sanglier.

Dans notre bande de jeunes gamins, il y a toujours un rapporteur, un " cafteur ". Lequel a crié : " Claudette a sauté la barrière, elle a sauté la barrière !!! ". Je n'en sais rien. Vivement, je repasse du bon côté. Attirées par les cris, les trois femmes arrivent. Elles arrivent lentement, très lentement en voyant le monstre si près de leurs enfants. Elles nous arrachent aussi vivement de notre observatoire qu'elles sont venues lentement. Nous sommes sauvés...

Maman court chez le plus proche voisin, le seul vieil homme qui ne soit pas à la guerre et qui ait un fusil. Mais le sanglier s'est sauvé. Tous les vieux du village ont fait des battues jusqu'au soir. Pensez ! De la si bonne viande à l'époque des tickets de rationnement... Mais on n'a jamais revu le sanglier.

Par contre, la gifle reçue à toute volée il y a plus de cinquante ans brûle encore ma joue gauche.

La fessée, pour avoir menti, pour avoir osé dire que j'avais caressé le sanglier me fait encore mal. Et pourtant, c'est la vérité !!! LES GRANDES PERSONNES CROIENT TOUJOURS AVOIR RAISON...

Montpellier, le 1er janvier 1995

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